Territoires

Bourges désignée Capitale européenne de la Culture en 2028

Par Pascale Baziller | Le | Destinations

Bourges est la cinquième ville de France à obtenir le titre de Capitale européenne de la Culture en 2028 après Marseille-Provence, Lille, Avignon et Paris. Le choix d’une ville moyenne et de son projet qui fait de la culture, un levier contre le changement climatique et un laboratoire d’avenir inspirant et modélisant pour d’autres villes européennes de taille similaire.

Bourges, 5e ville de France à obtenir le titre de Capitale européenne de la Culture en 2028 - © D.R.
Bourges, 5e ville de France à obtenir le titre de Capitale européenne de la Culture en 2028 - © D.R.

Située dans le sud de la région Centre-Val de Loire et le département du Cher, Bourges devient la cinquième ville de France à devenir Capitale européenne de la Culture pour l’année 2028, aux côtés de České Budějovice en République Tchèque et Skopje en Macédoine du Nord. L’annonce a été faite mercredi 13 décembre lors d’une conférence de presse au ministère de la Culture, chargé d’organiser la sélection nationale pour cette action portée par l’Union européenne et mise en œuvre par la Commission européenne.

« On l’a fait ! ». Ce sont les mots prononcés par Yann Galut, maire de Bourges, en partageant sa joie avec les membres de son équipe. La ville de moins de 100 000 habitants était, au deuxième tour, candidate au titre de Capitale européenne de la Culture face aux trois métropoles que sont Montpellier-Sète, Rouen et Clermont-Ferrand.

Une ville à taille humaine

Le choix de Bourges est pour la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, «  le pari d’une ville de taille moyenne qui mise sur la culture pour son développement humain, social et économique et qui ambitionne de faire une véritable place à tous les publics ». « Bourges est territoire d’avenir et cette reconnaissance est méritée ! La belle endormie est réveillée ! Bourges, qui avait légitimement sa place dans une compétition d’envergure européenne, prouve une fois de plus que la culture est inscrite dans son ADN », indique dans son communiqué de presse #Bourges2028.

Les trois axes de la candidature

Bourges est dotée d’un patrimoine historique et d’un patrimoine vert exceptionnels soulignés par trois classements à l’Unesco (cathédrale Saint-Étienne…). Elle est également un territoire d’ambitions et d’innovations en termes de culture avec des événements comme le Printemps de Bourges et les Nuits Lumière, au rayonnement national et international. Historiquement ville mécène et ouverte à la création, elle a révélé les talents artistiques de son époque, issus de nombreuses disciplines.

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges, inscrite par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial  - © D.R.
La cathédrale Saint-Étienne de Bourges, inscrite par l’UNESCO sur la liste du patrimoine mondial - © D.R.

À la suite de plusieurs ateliers participatifs, le projet s’articule autour de trois axes : réfléchir à la culture comme levier contre le changement climatique, repenser le rôle de l’artiste au 21e siècle, faire du territoire de Bourges un laboratoire d’avenir inspirant et modélisant pour d’autres villes européennes de taille similaire.

Bourges 2028, territoire d’avenir

Dans sa candidature, Bourges propose un rapport différencié à la vie, à la culture et au temps. La ville valorise sa taille humaine (66 000 habitants) et sa position ancrée dans la ruralité qui permettent des processus de décision courts et une gouvernance plus souple. Cette agilité va permettre à la ville de développer le prototypage et de devenir un laboratoire d’idées et d’innovations à même de proposer des solutions pour la culture dans l’Union du 21ème siècle. L’enjeu est de développer un projet qui puisse être modélisant pour une majorité́ de villes européennes dans l’Union. Les villes petites et moyennes - négligées et fragilisées par la planification des investissements nationaux et européens qui se sont concentrés sur les métropoles et les agglomérations grandes et moyennes - sont ce que nous appelons des territoires d’avenir. Elles sont la colonne vertébrale de l’Union européenne et elles peuvent être l’avenir de l’Europe. Grâce au titre de Capitale européenne de la Culture, Bourges fait de ses ambitions une réalité », indique #Bourges2028.

La culture comme levier contre le changement climatique

Bourges a ancré sa candidature dans la transition écologique, la biodiversité et la gestion de l’eau et ainsi d’être la première Capitale européenne de la Culture bas carbone. En effet, la mobilité verte est un des points mis en avant dans le dossier. Les visiteurs attendus en 2028 accèderont à la ville par train, premier transport décarboné, faute d’aéroports. « La distinction de capitale européenne de la culture constituera de toute évidence un levier pour une meilleure desserte ferroviaire future de la ville et du département tout entier (…) Tant vis-à-vis de l’Île-de-France que des métropoles du Centre-Val de Loire, cet aspect est la clef de voute du futur développement économique que Bourges est en droit d’attendre  », indique Serge Richard, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Cher (La Tribune, 14 décembre 2023).

Avec tous les acteurs de la ville, du Département et de la Région, la réflexion porte sur un projet mesuré, engagé sur les actions à prendre par rapport au changement climatique et bas carbone, dans un territoire caractérisé par son bilan carbone positif, sa ruralité́, sa biodiversité́ préservée jusqu’à son centre-ville et comment la culture peut être un catalyseur de solutions.

La marraine de la candidature est Lydie Lescarmontier, personnalité de Bourges, glaciologue, classée par Forbes comme une des 40 femmes les plus influentes de 2021et engagée dans la pédagogie pour le changement climatique au sein de l’Office for Climat Education.

Le rôle de l’artiste et de l’auteur dans la société européenne du 21e siècle

La première Maison de la Culture de France a été créée en 1963 et inaugurée à Bourges par Malraux en 1964 à Bourges. La nouvelle Maison de la Culture labellisée Scène nationale qui a ouvert en septembre 2021. Soixante ans plus tard, Bourges 2028 veut inventer le rôle sociétal de l’artiste et la démocratisation de la culture aujourd’hui, les nouveaux chemins de création de la culture au 21e siècle mais surtout donner au territoire un potentiel de profils créatifs, innovants qui seront ceux qui co-participeront à son futur.

Bourges souhaite développer un laboratoire de nouvelles pratiques en créant la première Cité européenne des artistes et des auteurs (dans l’Hôtel-Dieu) qui soutiendra la création et la diffusion paneuropéennes de la production artistique et un réseau de résidences européen associé : Villa Europa.

Quelles retombées ?

Il y a un avant et après Capitale européenne de la Culture apportant des retombées à plusieurs niveaux, les précédentes éditions l’ont montré. Il y aura un effet de visibilité pour Bourges qui permettra de faire connaître la ville, son territoire et ses atouts à un public national et international mais aussi contribuera à accroître le tourisme. C’est également un vecteur d’attractivité pour les entreprises qui pourront proposer des projets innovants ou organiser des événements. Le projet apporte également des retombées durables en matière de développement (transport, stratégie urbaine…), de valorisation du patrimoine et de création ou soutien de projets culturels qui contribueront au rayonnement de la destination. C’est aussi la dimension participative et sociale du projet (impliquer les citoyens, ouverture…) qui permet de créer du bien commun et de générer de nouvelles relations humaines et culturelles mais aussi des innovations pour transformer un territoire et construire l’avenir.