Fabien Felli (Poma) : «  Notre communication doit être en cohérence entre l’interne et l’externe  »

Pouvez-vous nous présenter Poma ?

Poma est une entreprise familiale proche des 90 ans d’existence, digne de son créateur, l’ingénieur Jean Pomagalski. Pionnier du transport par câble et inventeur du téléski, il a toujours œuvré pour l’innovation et l’humain. Très vite, il a exporté ses installations sur d’autres continents.

Aujourd’hui, nous avons une fierté d’être un constructeur français. Notre fabrication est réalisée dans nos quatre usines situées en Auvergne Rhône-Alpes (Isère, Savoie, Haute-Savoie), elle est à plus de 85 % made in France. Notre outil industriel est volontairement français. Notre centre R&D, notre centre administratif et autres services sont également implantés sur le bassin Rhône-Alpes. Nous proposons différents produits, des télésièges ou téléskis à de grandes infrastructures urbaines comme un funiculaire ou une grande roue. Notre activité se répartit entre 35 % pour la neige, 35 % l’urbain et 30 % les projets touristiques et l’entertainment.

Nous accompagnons nos clients historiques dans les domaines skiables français mais aussi dans plus de 90 pays sur les 5 continents. Nous comptons 22 filiales et 1400 collaborateurs dans le monde (États-Unis, Chine, Colombie, Inde…)  dont 851 en France. Notre chiffre d’affaires est de 432 millions d’euros (2022) dont 70 % réalisés à l’export.

Nous sommes également une société engagée avec une volonté forte et une stratégie affichée d’être net 0 carbone en 2050. Notre but est de proposer à nos clients des solutions et des produits toujours plus performants et éco-responsables pour un moindre impact environnemental et de les accompagner dans cette démarche. Dans cette perspective, nous avons développé par exemple la nouvelle gare LIFE (Low Impact For Environment) de télésièges débrayables dans une démarche d’éco-conception pour atteindre un faible impact environnement sur tout son cycle de vie.  

Quelle est votre actualité en matière d’installations ?

Nous poursuivons le développement de solutions innovantes en termes de mobilité. Cette année est marquée par la mise en place, dans les stations françaises, d’appareils structurants qui sont les colonnes vertébrales des domaines skiables. Je citerai par exemple les Jandri aux Deux Alpes, Pontillas à Serre-Chevalier, le Transarc aux Arcs. Nous installons également à Saint-Gervais deux ascenseurs. Le premier est un ascenseur urbain qui fonctionne grâce à l’utilisation d’eaux usées. Il permettra de relier le parc thermal situé en bas de la vallée au bourg, en quelques minutes. Le second est un ascenseur valléen qui connectera la gare du Fayet au domaine skiable de Saint-Gervais. Un ascenseur valléen sera également installé à Luchon Superbagnères dans les Pyrénées. Tous ces équipements seront opérationnels courant 2024.

Comment se porte l’entreprise ?

L’entreprise Poma a subi des difficultés en 2020-2021 lors de la crise du Covid pour plusieurs raisons : la crise des matières premières, l’arrêt des stations et un coup de frein de l’activité au niveau international avec deux ralentissements majeurs, la fermeture du marché russe et la baisse de l’activité chinoise asiatique du Nord qui représentait jusqu’à 30 % de notre chiffre d’affaires en 2018-2019 contre 15 % aujourd’hui.

Poma se porte mieux en 2022 qu’en 2020 et 2021. Et, 2023 s’annonce un peu mieux que 2022 mais la géopolitique ne nous est pas favorable. Mais, nous bénéficions d’une activité française importante avec de nombreux remplacements dans les stations de ski et une activité urbaine active. La France est le pays occidental le plus dynamique sur les métrocables et les télécabines urbaines. Nous avons ouvert Saint-Denis de la Réunion et Toulouse l’année dernière. Nous espérons que le projet d’Ajaccio démarrera bientôt et que Grenoble va suivre cette voie. Par ailleurs, nous sommes sur un marché mondial où l’activité nord-américaine se porte très bien. Cela permet de compenser la baisse de l’activité en Asie et en Russie.

Quelle est la stratégie de communication de Poma ?  

La communication de Poma doit être cohérente d’une part avec ce que nous sommes et, d’autre part entre l’interne et l’externe. Nos choix sur notre engagement en matière d’éco-responsabilité par exemple doivent être cohérents vis-à-vis de nos clients et dans notre entreprise. La cohérence globale doit se situer à tous les niveaux. Quand nous affichons fièrement le made in France, nous sommes en cohérence avec nos actions comme la construction de notre usine à Albertville et le fait de favoriser la sous-traitance française sur nos projets. En événementiel par exemple, nous allons penser et concevoir un stand de façon à pouvoir réutiliser certains matériaux sur plusieurs salons. 

Qu’en est-il du volet événementiel ? 

Nous sommes présents sur des événements liés à la mobilité et aux transitions comme les salons de la montagne dont le principal est Mountain Planète à Grenoble, le Salon des maires, le Salon des transports RTP à Clermont-Ferrand mais aussi des salons sur d’autres continents pour répondre aux besoins des populations locales. Cela représente une dizaine de salons par an. Ces événements sont gérés en interne par le service événementiel qui peut faire appel à des agences de design et des prestataires pour la fabrication des stands. Nous participons également à quelques événements liés au monde de la montagne comme le Congrès de domaines skiables de France, la Descente des Alpages ou encore Glisse en Cœur, une opération caritative. 

Nous sommes un acteur du territoire, nous vibrons avec ce territoire. Nous avons ainsi créé la Fondation d’entreprise Poma qui soutient des projets d’intérêt général ayant un lien avec la mobilité dans les domaines du sport, du handicap, de la solidarité et de l’environnement. Nos collaborateurs sont par ailleurs très engagés dans des associations. Il était important d’avoir, à travers la fondation, la capacité de faire des actions concrètes. Ces actions sont le choix d’un collectif à l’échelle du groupe Poma. Par exemple, nous amenons des enfants en montagne avec le fonds de dotation Enfance & Montagne de l’ESF ou nous apportons de l’ingénierie pour restaurer un centre.

Quels événements organisez-vous pour vos collaborateurs ?

Le siège de Poma réunit ses 450 collaborateurs deux fois par an. Nous organisons un événement festif et convivial début janvier et en juin un événement statutaire où nous présentons la situation de l’activité et les comptes de l’entreprise. Nos sites de production, filiales du groupe Poma organisent également leurs propres événements. Par ailleurs, les collaborateurs qui ont travaillé sur les différentes étapes de la construction des appareils sont invités à participer aux événements d’inauguration des remontées mécaniques de nos clients.

Que représente l’événementiel pour Poma ?

Cela représente du lien avec nos clients en offrant la capacité à se retrouver, se réunir, partager et écouter. Sur un salon par exemple, nous allons pouvoir rencontrer presque tous nos clients sur un temps court. L’événementiel permet également de montrer notre savoir-faire, notre innovation et valoriser notre image. Cela nous offre aussi l’opportunité de lancer des initiatives et d’observer les réactions qu’elles suscitent. Les moments de convivialité, d’échange et de partage qui se créent sont toujours riches et intéressants.

Mesurez-vous le retour sur investissement de vos événements ?

Le retour sur investissement financier est très difficile à mesurer sur un salon. En revanche, nous pouvons avoir une tendance générale en termes de satisfaction ou le contraire à travers les messages de nos clients, sur l’amélioration d’un service ou notre image par exemple. 

Quelles sont vos ambitions ?

L’ambition est d’accompagner nos clients le plus longtemps possible et de faire que la mobilité de transport par câble devienne un standard dans les années futures sur tous les territoires. Un projet urbain nécessite un ensemble d’éléments de gouvernance, de financement et d’autorisations et prend beaucoup de temps. Celui de Toulouse a duré entre 10 et 15 ans, entre le moment où l’idée émerge et l’inauguration de la télécabine. Nous sommes en train d’installer une télécabine à Madagascar et une en Mongolie où je me suis rendu la première fois il y a près de dix ans. C’est un marché où il faut un certain nombre d’opportunités et être présent sur tous les continents.