Alexandre Bouchet (Laval Virtual) : « Nous serons bénéficiaires, c’était une condition pour l’avenir »
Par Pascale Baziller | Le | Mice & festivals
Après avoir surmonté des difficultés financières, Laval Virtual, le salon des technologies immersives s’annonce sous de bons auspices avec 200 exposants, la présence des multinationales du secteur et des professionnels. Alexandre Bouchet, directeur du Laval Virtual présente cette 25e édition qui se tiendra à l’Espace Mayenne à Laval, du 12 au 16 mars 2023.
Le Laval Virtual a été confronté au Covid et à des difficultés financières en 2021-2022. Dans quelles conditions revient cette 25e édition qui se déroulera du 12 au 16 avril 2023 à l’Espace Mayenne à Laval ?
Depuis ces temps difficiles, Laval Virtual s’est restructuré en se reconcentrant sur l’association Laval Virtual c’est-à-dire l’organisation du salon. Nous avons arrêté les événements satellites que nous avions lancés depuis quelques années à savoir le Laval Virtual Asia en Chine (avec la ville de Qingdao) et la co-production des VR Days à Amsterdam aux Pays-Bas, un salon de réalité virtuelle qui était finalement devenu un peu concurrent à Laval Virtual. Par ailleurs, nous avons vendu notre branche d’activité du nom de Komodal qui se consacrait à l’organisation d’événements virtuels. Nous avions lancé ce service en 2020 au moment du Covid avec une équipe dédiée qui avait virtualisé entre autres l’édition 2021 du Laval Virtual et plus particulièrement ses conférences. Le fait de se recentrer sur le salon, vendre une partie de l’activité et réduire notre masse salariale (8 salariés à temps plein aujourd’hui + consultants externes) nous a permis de consolider notre association et d’être plus serein dans l’organisation de cette 25e édition.
Une 25e édition qui s’annonce sous de bons auspices ?
Oui, le salon 2023 s’est bien commercialisé à la fois en nombre d’exposants et en billetterie. 200 exposants sont présents sur cette nouvelle édition contre 135 l’année dernière et environ 5 000 visiteurs professionnels sont attendus (prix du pass de 77 à +500 €). Nous avons réalisé à date le double du chiffre d’affaires en billetterie par rapport à l’année dernière. Mais, nous avons aussi engagé plus de frais avec un espace additionnel à l’extérieur. De plus, nous relançons cette année un week-end ouvert au grand public qui avait été privé de salon en raison des années de Covid. Le grand public fait partie de l’ADN de Laval Virtual depuis ses origines. Nous espérons également accueillir 5 000 personnes (ticket d’entrée à 7 euros). Le salon est ouvert du mercredi au vendredi aux professionnels (3 jours) et le week-end au grand public avec un hall dédié dans lequel exposeront des étudiants, des écoles, des laboratoires et des start-ups qui proposent des contenus de réalité virtuelle ou réalité augmentée (avec des démos ludiques). Nous les avons sélectionnés sur appel à candidatures pour leur positionnement très innovant évoquant le futur de ces technologies. Le grand public pourra tester des choses en réalité virtuelle ou augmentée comme découvrir une reconstitution de Notre-Dame de Paris à travers les âges, s’entraîner à la boxe avec un punching-ball virtuel…
Nous serons bénéficiaires cette année. C’était une condition pour nous permettre d’entrevoir l’avenir plus sereinement et de rembourser les dettes bancaires contractées (PGE) pendant la période de Covid.
Notre budget a été resserré à 1,4 million d’euros. Il est réparti entre les subventions publiques à hauteur de 25 % (Région Pays de la Loire, département de la Mayenne, la ville de Laval et Laval Agglo), les exposants, la billetterie et nos 8 sponsors parmi lesquels EDF, le CNC sur le volet artistique (Recto VRso, le festival d’art numérique voir encadré ci-dessous), le Crédit Agricole et Qualcomm pour les conférences… Cela représente à peu près 100 000 euros.
À l’heure de l’effervescence autour de ces technologies, la concurrence est-elle forte ? Comment vous positionnez-vous ?
Non, pas tant que ça. Nous avons vu une concurrence se développer à partir de 2015-2016 avec un retour à la mode de ces technologies de réalité virtuelle. À ce moment-là de nombreux événements ont fleuri, mais certains d’entre- eux ont depuis disparu et d’autres ont pris le virage du métavers et sont aujourd’hui plutôt sur des sujets de web 3, NFT et Blockchain. De fait, ces événements qui s’approchaient de nous ont délaissé le créneau des usages donc de la réalité virtuelle et la réalité augmentée pour les professionnels. Nous sommes un salon professionnel axé solutions. Notre visitorat sont des entreprises, beaucoup d’industriels qui viennent chercher des solutions pour améliorer leur conception de produits, leur service de vente, leur formation interne… Or, sur ce créneau très technologique, nous sommes finalement plus si nombreux que ça. Aujourd’hui, nous sommes le leader européen sur ce marché, il n’y a pas aujourd’hui d’autres salons spécialisés sur la réalité virtuelle qui daignent avoir la taille de Laval Virtual en nombre d’exposants et de visiteurs. Notre ambition est de rester le leader.
Une édition 2023 avec la présence de nombreux entreprises dont des multinationales ?
En effet, nous avons la chance d’avoir tous les grands noms, Microsoft, Samsung, Nvidia, HP… surtout dans le contexte actuel du numérique où ces grosses entreprises souffrent et licencient assez fortement. Leur présence durant trois jours est une preuve de leur intérêt pour notre salon. Meta est aussi là pour la première fois. Nous sommes plutôt fiers, ils ont choisi Laval Virtual ce qui illustre leur volonté de se positionner sur le marché professionnel de la réalité virtuelle. Ils présentent à cette occasion leur casque dédié aux professionnels qui vient de sortir. Nous avons également des sociétés spécialisées comme Lynx, Immersion, Sense Glove, Holoforge… et des startup.
Déployez-vous un dispositif pour célébrer cette 25e édition ?
Nous faisons tous les ans une grosse soirée (Laval Virtual Party, 600 participants) qui aura lieu également cette année mais nous n’organisons pas d’événement de célébration spécifique. En revanche, nous allons mettre en avant certains de nos exposants, qui sont à nos côtés depuis les origines de l’événement, par des visuels spécifiques sur leur stand et une citation sur les différents événements et cérémonies organisés pendant le salon. Nous avons par exemple Immersion, une société française qui s’est créée en même temps que Laval Virtual et qui est au rendez-vous tous les ans mais aussi Clarté, la structure lavalloise de la réalité virtuelle ou encore Barco qui fait des systèmes de vidéo-projection, toutes présentes depuis 25 éditions.
Comment avez-vous construit le Laval Virtual 2023 ?
Nous avons surtout cherché à mettre l’accent sur qualité à la fois sur le volet exposants, accueil des publics et intervenants. Nous avons ainsi réduit le nombre à 6 conférences B2B à six demi-journées thématiques. Des experts internationaux de Netflix, Chanel, Amazon… interviendront sur des questions majeures sur les usages et le potentiel de la réalité virtuelle, de la réalité augmentée et du métavers pour de nombreux secteurs. Le thème « Think the future » retenu de cette nouvelle édition sera exploré sur les conférences. Après une année où on a énormément parlé de métavers à tort et à travers, après une année où on commence à s’interroger sur la soutenabilité du développement du numérique sur notre environnement et en cette période où on s’interroge beaucoup sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le futur de nos sociétés, nous voulions vraiment avoir un cycle de conférences qui nous oblige à penser le futur, à questionner le bien fondé d’utilisation des technologies à savoir les utiliser à bon escient. Nous pensons que notre salon qui est à la fois un ancien et leader a pour responsabilité de dire prenons le temps de réfléchir pour mettre en œuvre ces technologies de manière responsable, éthique et soutenable.
Mesurez-vous le ROI ?
Le salon permet de faire du networking mais sa finalité est de permettre aux visiteurs professionnels de rencontrer des offreurs de solutions (vendeurs de produits ou de logiciels). Nous faisons une data à posteriori auprès des exposants. Nous leur demandons à l’issue du salon et à 6 mois le chiffres d’affaires qu’ils estiment avoir réalisé grâce à leur participation. Sur plus de la moitié des exposants qui répondent, ils annoncent un ticket moyen de 50 000 € de chiffres d’affaires. Sachant qu’un stand de 9 m2 coûte 3600€, le retour sur investissement est intéressant.
Laval Virtual en chiffres
• 5400 m² de surface au sol
• 2000 m2 de surface commercialisée
• 3 halls (A, B et C)
• 200 exposants
• 10 000 visiteurs attendus (5000 professionnels/5000 visiteurs grand public)
• 1,4 million d’euros de budget
• 8 sponsors principaux
• 50 speakers
• 6 conférences B2B
Programme de conférences
• L’avenir de la XR : tour d’horizon des plus grandes avancées attendues ces dix prochaines années en matière de technologies immersives
• Immersive digital learning : découverte des dernières innovations en matière de XR au travers de témoignages d’experts du secteur pour mieux les mettre en pratique dans des activités quotidiennes (grands groupes, TPE, PME et artisanat)
• Metavers Dilemmas : métavers, révolution ou suite logique de l’évolution numérique ? Conversations, Battles, témoignages, keynotes, c’est sous un format inédit que viendront se confronter les experts internationaux.
• VR/ AR : quels bénéfices pour mon business ?
• Industrie à 360° : état des lieux des apports de la XR dans l’industrie.
• XR for Good : témoignages sur l’impact positif des technologies immersives dans notre société (éducation, culture, santé, humanitaire…) pour inspirer et sensibiliser sur les bonnes pratiques de l’utilisation de la VR/AR.
Recto VRso 2023, rencontre entre l’art et la réalité virtuelle
Dans le cadre du salon Laval Virtual se tient Recto VRso, une exposition internationale d’art et réalité virtuelle, conçue par l’artiste-chercheure Judith Guez. À l’occasion de la 25e édition, L’ART&VR Gallery a proposé à une dizaine d’artistes gagnants de l’award Recto VRso des éditions précédentes de présenter de nouvelles œuvres questionnant les technologies immersives (Espace Mayenne). Par ailleurs, un OFF se déroulera au Quarante, nouvel espace culturel de Laval. Il mettra en scène des œuvres immersives d’artistes reconnus, des étudiants, des chercheurs et des collectifs. Cette année, les universités partenaires depuis le début sont invitées à explorer les lieux à travers différentes propositions (concerts, ateliers-spectacles, installations…).