Chrystèle Mercier - L’Etudiant « Les contacts en présentiel restent essentiels »
Par Adélaïde de la Bourdonnaye | Le | Grands événements
Les salons de L’Etudiant ont 38 ans. On en compte aujourd’hui plus d’une centaine partout en France. En cette rentrée scolaire, les chiffres de fréquentation affichent une hausse de 36 % sur un an. Chrystèle Mercier, Présidente de l’Etudiant et Sébastien Mercier - Directeur Général Adjoint des Activités Salons nous partagent leur recette du succès.
Salons, média… que regroupe la marque l’Etudiant aujourd’hui ?
Chrystèle Mercier : L’Étudiant est le premier média d’information sur l’orientation, créé en 1972. Nous accompagnons les jeunes de la 3ème au premier emploi, en abordant les questions de choix d’études, de métiers, de stages, d’alternance et de vie étudiante. Initialement un média print, nous avons très vite évolué pour répondre aux nouveaux usages. Nos premiers salons datent de 1986, et nous avons lancé notre site internet en 1997. Aujourd’hui, notre média est multicanal, avec un site qui attire environ 4 millions de visiteurs par mois, une forte présence sur les réseaux sociaux, une offre presse adaptée et plus de 110 salons dans 51 villes en France. Nous offrons une information 360 à nos visiteurs et des solutions de communication à 360 aux annonceurs pour toucher les jeunes.
L’événementiel est donc l’un de vos piliers. Quels sont les principaux types de salons que vous organisez ?
Sébastien Mercier : Nous avons trois catégories principales de salons : les salons généralistes (environ 50 % des événements), qui traitent de toutes les voies d’études après le bac, les salons spécialisés (30 %), comme ceux consacrés aux grandes écoles, à la santé, ou aux métiers créatifs, et enfin les salons d’alternance (15 %) dédiés aux jeunes en recherche d’entreprises pour leur apprentissage.
Parmi tous vos événements, quel est le salon qui attire le plus de visiteurs ?
Chrystèle Mercier : Notre plus gros événement est le Salon Européen de l’Éducation, qui se tient à la Porte de Versailles. L’année dernière, cet événement a attiré environ 80 000 visiteurs sur trois jours. Nous co-organisons ce salon avec l’ONISEP et la Ligue de l’enseignement, ce qui en fait un grand rendez-vous pour l’orientation.
Sébastien Mercier : En dehors de ce salon, nos autres salons académiques attirent également une forte fréquentation. Par exemple, les salons de Lille et de Lyon comptent chacun autour de 60 000 visiteurs. Ces événements régionaux sont des rendez-vous incontournables pour les familles et les jeunes en quête d’orientation, ce qui explique l’affluence importante. Sur la saison dernière, nous avons accueilli environ un million de jeunes et de familles sur l’ensemble de nos salons.
Quel est leur modèle économique ?
Sébastien Mercier : Le financement provient principalement de la vente de stands aux exposants disposant de budgets de communication, comme les écoles privées ou les entreprises présence présentes sur les salons dédiés à l’alternance. Pour les établissements publics qui ont moins de moyens, comme les lycées ou les BTS, nous recevons parfois un soutien des collectivités territoriales, notamment des régions, qui ont la compétence d’orientation depuis 2018. Ce soutien financier contribue à pouvoir offrir des tarifs très avantageux, voire une participation gratuite pour certains établissements publics, afin de garantir leur présence sur les salons.
Vous publiez des chiffres de fréquentation en hausse de +36 % en ce début d’année scolaire. Pourquoi un tel chiffre ? Comment vos salons répondent aux attentes des « digital natives » ?
Sébastien Mercier : Nos salons permettent aux jeunes d’aller au-delà d’une simple information en ligne. En rencontrant directement des étudiants et des professionnels, ils obtiennent un retour concret et personnalisé. Nous avons également observé que les visiteurs viennent préparés. Ils se sont d’abord informés et ont organisé en amont leur visite via letudiant.fr. Cela reflète le rôle complémentaire de nos contenus digitaux et de nos événements physiques. Il faut aussi contextualiser. Avec la réforme du lycée, nos salons accueillent un public de plus en plus large, des élèves de première et aussi y compris des élèves de seconde qui doivent s’informer pour faire leurs choix de spécialités.
Chrystèle Mercier : Le contenu est essentiel. L’Étudiant met un point d’honneur à offrir une représentation exhaustive de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, acteurs privés comme acteurs publics. Nous avons également une équipe rédactionnelle intégrée qui anime de nombreuses conférences non sponsorisées au cours de nos salons. Elle la neutralité et la qualité des informations partagées, essentielle pour nos visiteurs.
Des chiffres en hausse
Depuis septembre, l’Etudiant a mobilisé 80 000 lycéens, étudiants et parents (avec 47 % de lycéens et 44 % de parents) lors de ses 21 premiers salons organisés à Pau, Nantes, Colmar, Lille, Montpellier ou encore Paris.
Ce chiffre représente une augmentation moyenne de 36 % VS N-1
Malgré leur immersion dans la technologie, 79 % des jeunes préfèrent des salons en présentiel, et 85 % les considèrent comme « un bon moyen de s’informer sur les formations et les métiers ». (Etude UNIMEV et OPCO Atlas menée par BVA en septembre 2023)
Les codes évoluent. Comment assurez-vous aujourd’hui une expérience de visite optimale ?
Sébastien Mercier : Nous avons revu l’organisation et la scénographie de nos salons pour améliorer l’expérience des visiteurs. Par exemple, les conférences sont désormais au cœur de l’événement, ouvertes sur les stands avec des casques pour faciliter l’écoute. Nous avons aussi mis en place une plateforme hybride permettant aux jeunes de préparer leur visite en amont, un outil développé suite aux adaptations imposées par la pandémie.
Chrystèle Mercier : Nous avons su nous diversifier pour offrir plus de services complémentaires aux visiteurs de nos salons. En venant sur nos événements les jeunes recueillent des informations sur les formations, mais également de nombreux conseils pratiques : procédures parcoursup, rédaction de CV et lettre de motivation, information sur les métiers…
Comment procédez-vous en termes d’organisation ? Comment se composent vos équipes ?
Chrystèle Mercier : Nous avons environ 130 collaborateurs en CDI, et une soixantaine de personnes supplémentaires, comme des alternants et des CDD, rejoignent nos équipes durant la période des salons de septembre à mars.
Sébastien Mercier : L’équipe événementielle est la plus importante de L’Étudiant, avec environ 70 personnes. En fait, nous avons tous les services en interne, avec une direction des opérations dédiée qui prend en charge les aspects logistiques comme la location des halls, les prestataires pour le gardiennage, le nettoyage, l’installation générale, etc. Nous faisons appel à des prestataires externes pour les installations physiques.
La communication en amont est essentielle pour maximiser le nombre de visiteurs. Comment procédez-vous ? Avez-vous recours à l’influence notamment ?
Sébastien Mercier : Nous intégrons les influenceurs dans notre communication grand public, aux côtés de campagnes d’affichage (transports, affichage urbain), des contenus poussés par nos partenaires médias, et de publicités payantes sur les réseaux sociaux. Cependant, les retours des campagnes avec influenceurs ne sont pas toujours les plus convaincants en termes d’impact, alors nous en utilisons de façon sélective.
Le canal le plus important reste celui des prescripteurs - c’est-à-dire les professeurs et les responsables d’orientation dans les établissements. Nous collaborons étroitement avec eux et les rectorats pour informer les jeunes des salons et les accompagner dans leur orientation. Ces prescripteurs jouent un rôle essentiel en faisant connaître les événements auprès des élèves.
Pour conclure, comment envisagez-vous l’avenir de vos salons ?
Chrystèle Mercier : Les familles ont besoin d’échanges directs et personnalisés pour répondre à leurs préoccupations croissantes autour de l’orientation. Nous avons vu, lors de la pandémie, que les contacts en présentiel restent essentiels. Il y a une réelle demande pour nos salons, et ce besoin d’accompagnement dans le parcours d’orientation ne va pas disparaître.
Sébastien Mercier : Avec la baisse de la démographie, nous explorons des pistes pour accompagner les établissements français à l’étranger, afin de toucher des étudiants internationaux. Nous avons d’ailleurs récemment organisé un pavillon France à Milan. Nous voyons de probables perspectives de développement à l’international.