Stratégies

Première : l’Arkea Ultim Challenge, un défi humain et sportif hors norme

Par Pascale Baziller | Le | Grands événements

Le 7 janvier 2024 sera donné le départ de la première course autour du monde en solitaire en trimaran ultim, l’Arkea Ultim Challenge-Brest, depuis Brest qui accueillera un village pendant 10 jours. Toutes voiles sur cet événement hors du commun organisé par OC Sport Pen Duick.

Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) s’élancera aux côtés des 5 autres skippers le 7 janvier 2024  - © Vincent Curutchet
Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) s’élancera aux côtés des 5 autres skippers le 7 janvier 2024 - © Vincent Curutchet

L’Arkea Ultim Challenge - Brest, un tour du monde en solitaire à bord de maxi-trimarans de la Class Ultim. Cette nouvelle course s’élancera de Brest (Finistère), le 7 janvier 2024, pour un parcours d’ouest en est (40 000 km) par les trois caps (Bonne-Espérance, Leewin et Horn).

Un défi sportif, humain et technologique pour six skippers accompagnés de leurs armateurs et partenaires : Éric Péron (Adagio), Tom Laperche (SVR-Lazartigue), Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), Anthony Marchand (Actual), Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) et Thomas Coville (Sodebo). Une épreuve inédite par son format et son ambition, un tour du monde à bord de bateaux océaniques les plus rapides qui ont la capacité de voler au-dessus de l’océan.

Pendant 40 à 50 jours, les marins seront soumis à des variations extrêmes de conditions météorologiques. « On s’apprête à gravir une montagne un peu plus haute que les autres en matière d’engagement. Ça marque le début d’une nouvelle ère », souligne Armel Le Cléac’h (Banque Populaire XI). « On part sur un marathon, on change de braquet après des transatlantiques qui sont plutôt des sprints ! Mais sur un tour du monde, la gestion de la durée va être importante, il faudra prendre soin de la machine et gérer le marin ; physiquement et mentalement ça va être très intense ».

La course a été présentée le 29 novembre 2023, en présence des organisateurs et des skippers, à l’Atelier des Lumières à Paris. Pas de bateau exposé (on comprend aisément vue la taille, la logistique nécessaire et les risques) mais des images XXL pour donner à voir ces « géants des mers », de 32 mètres de long et 23 m de large, qui affrontent les éléments.

Les six skippers étaient présents à la Conférence de presse de présentation de l’Arkea Ultim Challenge-Brest  - © Alexis Courcoux
Les six skippers étaient présents à la Conférence de presse de présentation de l’Arkea Ultim Challenge-Brest - © Alexis Courcoux

Près de 20 ans pour que le rêve devienne réalité

À l’origine du concept, Roland Tresca, président du groupe Télégramme Développement qui a imaginé ce tour du monde en solitaire en multicoque il y a près de 20 ans. Il raconte la genèse de ce projet. « J’ai eu l’idée de cette course en 2004, c’est en soi l’exploit le plus long à organiser, après l’arrivée de Francis Joyon à Brest (début février 2004), alors que ce dernier vient d’exploser le record du tour du monde en solitaire en multicoque établi par Olivier de Kersauson en 1989. À cette époque, je suis chargé par le Groupe Télégramme de la diversification du groupe. Deux ans auparavant, nous avions manqué le rachat du Vendée Globe et je m’étais dit qu’il fallait se fixer un cap ambitieux et imaginer la course de demain qui ne pouvait être que celle-là. Ainsi, dès le mois de juin 2004, j’avais écrit une courte note circonstanciée qui allait dans ce sens afin de bien planter le décor : la première course autour du monde en multicoque sans escale, autrement dit « la course du siècle ». Entre-temps, nous avions repris le contrôle de la société Pen Duick spécialisée dans l’organisation des courses à la voile dont la Transat en double Jacques Vabre et racheté la Route du Rhum puis la Transat AG2R et le Trophée BPE. Nous étions alors parfaitement armés pour proposer l’organisation d’un tel évènement planétaire ! J’explique donc au Maire le concept de ce tour du monde en soulignant que la ville de Brest serait bien inspirée de saisir cette opportunité historique », révèle Roland Tresca qui évoque « Thomas Coville, le premier à croire en cette course » mais également les soutiens de François Cuillandre, maire de Brest et Édouard Coudurier, président du groupe Télégramme convaincu de l’idée dès le début.

Un projet collectif

Il aura fallu près de deux décennies de tractations pour que le projet devienne réalité. Un projet possible grâce à la persévérance, l’intelligence collective, le travail, l’enthousiasme et la mobilisation de nombreux acteurs parmi lesquels Pierre Bojic puis Hervé Favre à la direction d’OC Sport Pen Duick, Régis Rassouli, Pdg de Rivacom, des marins et personnalités du monde de la course au large mais aussi la Class Ultim et ses armateurs dont la contribution a été déterminante. Un projet qui a évolué au fil du temps notamment en termes de navigation. En dix ans, les multicoques sont devenus des Ultim, appelés « géants des mers », par leur taille, leur rapidité et leur capacité de voler au-dessus de l’océan. Ce qui fait de cette course tant un défi tant technologique que physique pour les marins.  

En quête de deux partenaires

L’Arkea Ultim Challenge-Brest est organisé par OC Sport Pen Duick (propriétaire de la course), filiale et branche événementielle sportive du groupe Télégramme, société organisatrice de courses (Route du Rhum - Destination Guadeloupe et la Solitaire du Figaro).

Quel budget ? 

Le budget est estimé entre 5 et 7 millions d’euros. « Nous nous rangeons dans les événements de premier plan. Nous voulons raconter la dernière odyssée humaine. Ce n’est ni une course, ni un challenge, mais un terrain d’aventures. Ce ne sont pas des marins, ce sont des pionniers qui partent faire le tour du monde », expose Joseph Bizard, directeur général d’OC Sport Pen Duick.

Le budget se répartit en trois volets. Le premier concerne la course : organisation, sécurité, accueil des bateaux, suivi des glaces et des cétacés autour d’un volet environnemental. L’enjeu étant de préserver les mammifères marins. De fait, les marins pourront être amenés à dévier leur trajectoire afin de les éviter. Le deuxième volet est dédié à l’événementiel : installations du village, animations, PC course (750 m2 aux Capucins) ouvert pendant 50 jours. Enfin, le volet marketing est un gros poste. « La course n’existe pas. Nous devons faire un travail marketing pour la faire connaître », explique Joseph Bizard. L’identité visuelle réalisée par l’agence Leroy-Tremblot se retrouve(ra) ainsi dans toute la communication et la campagne media (presse, TV, affichage). Une équipe digitale de 10 personnes est également mobilisée pour relayer la course sur la plateforme et les réseaux sociaux.      

Quelles ressources ?

Les ressources de l’événement proviennent des coûts d’engagement des skippers (200 000 euros par bateau), du marchandising, de la location des stands et des prestations d’hospitalité (20 %) et des partenaires privés et publiques (80 %). Parmi les partenaires, au rang des collectivités territoriales, il y a Brest Métropole, la Région Bretagne et le département du Finistère. Les entreprises privées sont représentées par le partenaire-titre de la course Arkéa (banque), les partenaires principaux officiels, Alpina (horlogerie) et Amor Lux (vêtements). L’organisation peut également compter sur des fournisseurs officiels (Brasserie de Bretagne, France Location, Digital Accelerator, Zodiac, Brest Ocean Boat, Virtual Regatta). « Nous avons bouclé 90 % de notre budget, nous cherchons deux partenaires, le ticket d’entrée se situe entre 150 000 et 200 000 euros HT », indique Joseph Bizard.  

Un village pour célébrer la course

Dans trois semaines, Brest vibrera pour l’Arkea Ultim Challenge-Brest. À l’heure des vacances de Noël, des milliers de personnes devraient se presser dans la cité maritime pour partager un peu de cette nouvelle aventure humaine. Tout est mis en œuvre pour offrir ce moment inédit.

Le village de l’Arkea Ultim Challenge (11 000 m2) ouvrira ses portes du 29 décembre 2023 au 7 janvier 2024 sur le quai du Commandant Malbert à Brest. « Brest est connu pour être le port de grands records et la capitale des océans. Nous avions la volonté depuis longtemps d’accueillir une course au large, il a fallu être persévérant, les Bretons sont têtus (…). Nous sommes très fiers d’accompagner cette grande aventure », a exprimé François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest Métropole, lors de la conférence de presse.

« On a voulu que ce soit un grand rassemblement qui facilite les rencontres entre les marins et leur public », indique Joseph Bizard, dg OC Sport Pen Duick avec à ses côtés Guillaume Rottée, directeur de course - © Alexis Courcoux
« On a voulu que ce soit un grand rassemblement qui facilite les rencontres entre les marins et leur public », indique Joseph Bizard, dg OC Sport Pen Duick avec à ses côtés Guillaume Rottée, directeur de course - © Alexis Courcoux

Pendant 10 jours, les Brestois et les visiteurs pourront célébrer le départ de la course, rencontrer les skippers, participer à de nombreuses animations (séances de dédicaces, présentation des skippers, conférences…) et des concerts (programmation quotidienne).« On a voulu que ce soit un grand rassemblement qui facilite les rencontres entre les marins et leur public. (…) Nous avons créé un village pensé pour pouvoir raconter au plus grand nombre à quel point ces marins et ces bateaux sont formidables, à quel point ce défi est historique. Ce sera également un lieu animé par tous nos partenaires et en premier lieu Arkéa, la  Métropole de Brest, la Région Bretagne et le Département du Finistère. Ce sera un moment de célébration, de festivités, un rassemblement populaire », indique Joseph Bizard.

Une structure immersive de 1000 m2 invitera à la découverte des « géants des mers » (Ultim) et de l’histoire des grands tours du monde. Le public Le 29 décembre (10h à 12h) se déroulera la parade d’arrivée des 6 Ultim.

Le départ en parade sera donné le 7 janvier 2024 en rade de Brest, à partir de 10h30.