Serge Gachot (Mondial de l’Auto) : « Notre fil conducteur a été le ROI pour les exposants »
Par Pascale Baziller | Le | Marques & entreprises
Le Mondial de l’Auto qui revient du 17 au 23 octobre à Paris Porte de Versailles, se réinvente pour s’adapter aux changements du monde et du marché de l’automobile. Serge Gachot, directeur du Mondial de l’Auto présente le positionnement, les nouveautés et les enjeux de cette nouvelle édition.
Dans quelques jours s’ouvre le Mondial de l’Auto 2022. Un retour après quatre ans d’absence dans un contexte économique et géopolitique très perturbé. Comment se présente cette 89e édition ?
Le Mondial revient, en effet, après quatre ans d’absence en raison de la crise sanitaire, dans un contexte très particulier. Le salon automobile de Genève a été annulé pour la 4e année consécutive, celui de Francfort qui se tient désormais à Munich est devenu le IAA Mobility, un salon des mobilités. Nous sommes le seul salon automobile international en Europe cette année, à horizon du prochain salon de Munich. On ne s’en réjouit pas car nous faisons partie du même écosystème. Nous avons pu construire cette nouvelle édition car nous sommes défendus par notre industrie qui est très présente à nos côtés et du fait de notre flexibilité qui nous a permis de nous adapter aux changements du monde et du marché de l’automobile. Pour l’heure, notre salon est attendu par la presse, les constructeurs confiants en l’avenir qui ont des innovations à présenter et les automobilistes qui sont un peu perdus à cause des nombreux bouleversements notamment en matière de motorisation. Nous avons donc voulu organiser un salon centré sur la voiture. Nous aimons l’automobile, les Français aiment l’automobile et pour les 2/3 d’entre eux, la voiture est indispensable dans leur vie quotidienne. Pour ce faire, nous sommes restés à l’écoute de ce nouveau monde automobile qui bouge très vite.
Un nouveau monde automobile qui vous a conduit à réinventer le Mondial ?
Le Mondial se réinvente, il va être la vitrine d’une industrie innovante et de toutes les solutions possibles d’utilisation, d’accessibilité, de location… Nous serons le salon de ce nouveau monde automobile qui s’exprime d’une part par le virage de l’électrification, nous sommes passés d’une part de marché pour les véhicules électrifiés de 2 % à 21 % aujourd’hui, d’autre part, par les débuts de la révolution de l’hydrogène. Il y a huit mois, je ne suis pas certain que nous aurions abordé l’hydrogène comme nous le faisons au salon cette année. Par ailleurs, nous avons perçu certaines problématiques comme la circulation en centre-ville ou encore les problèmes des derniers kilomètres qui concernent entre autres les entrepreneurs, les commerçants et les livreurs. C’est pourquoi, nous avons dédié un espace à la mobilité professionnelle électrique et hydrogène avec des marques comme Hyvia et Stellantis mais aussi l’écosystème avec Symbio, Plastic Omnium, Engie, HRS… À cette occasion, les visiteurs pourront aussi découvrir les nouveaux constructeurs français de véhicules à hydrogène Hopium et NamX qui démarreront leur production en 2025. Hopium a déjà annoncé la construction d’une usine près de Vernon en Normandie. Au centre de cette espace électrique et hydrogène, nous aurons une grande zone pédagogique centrée sur le consommateur, pour apporter des informations sur les produits, les innovations, les solutions, l’accessibilité, les formules de location mais aussi les aides de l’État ou des régions. La nouveauté, c’est aussi la présence de marques automobiles sur le stand d’autres entreprises. Par exemple, le Crédit agricole, acteur de l’accessibilité de produits et services automobiles, présentera sur son stand cinq marques de voitures électriques comme l’américain Fisker. Nous aurons également le groupe Cosmobilis (Bymycar) qui réunit bymycar, En Voiture Simone, Ucar, Marcel, Fleetway. Cet acteur européen disposera d’un stand interactif autour des solutions automobiles.
Les grandes marques automobiles comme BMW, Porsche, Audi… seront les absentes ?
C’est regrettable qu’elles ne soient pas présentes à notre salon de l’innovation, d’autant plus que le coût était très raisonnable. Nous avons également eu deux ou trois annulations de marques en raison de la pénurie des semi-conducteurs, la guerre en Ukraine. Ce sont des entreprises dans une situation de profitabilité impactées à cause du marché russe ou un problème d’approvisionnement. Néanmoins, nous avons des grands constructeurs comme Renault et Stellantis et des nouveaux pas encore connus qui arrivent comme le constructeur chinois BYD, qui vend près de 200 000 voitures par mois en Chine, c’est plus que le marché français. Neuf constructeurs de microcars, un marché qui explose, exposeront également au salon.
La nouveauté, c’est aussi l’organisation d’un centre d’essais multimarque avec une cinquantaine de voitures ?
L’objectif est de permettre aux visiteurs du Mondial d’essayer des véhicules en condition réelle sur deux parcours urbains (20 et 40 minutes). Malheureusement, nous n’aurons que 25 voitures à l’essai en raison de la défection de constructeurs notamment chinois qui ont rencontré des difficultés pour préparer leurs voitures à temps et trouver une logistique fiable pour le transport mais aussi des constructeurs dont les voitures ne sont pas encore homologuées pour rouler en France.
Pouvez-vous nous présenter quelques animations ?
Nous présenterons une très belle collection de voitures Ferrari. Nous aurons également six constructeurs français de voitures de petites séries regroupés sur un stand. Les youtubeurs Sylvain et Pierre de la chaîne Vilebrequin dévoileront entre autres leur 1000tipla, le Fiat Multipla de plus de 1000 chevaux et des voitures de rêve dont une Pagani Huayra Roadster BC. Ce sont des millions de vues sur les réseaux sociaux ! Netflix lancera « Balle perdue 2 », la suite du film d’action français qui a fait un énorme score d’audience sur la plateforme, et présentera en exclusivité la voiture de la série. Lego va construire une voiture de sport en lego, Warner va lancer un jeu vidéo… Il y aura bien d’autres surprises pour s’amuser, faire le show et donner à voir, car cela fait aussi partie du Mondial depuis sa création.
Le format du Mondial a été réduit. Un choix économique ?
Notre fil conducteur a été le retour sur investissement pour nos exposants. Nous avons réduit les coûts à l’entrée avec des stands réduits à une surface maximum de 1500 m2 (contre 4000 m2 lors de la précédente édition) à 185 euros le m2. Nous investissons trois halls dont deux sont modernes et à taille humaine (3,4 et 6) ce qui représente au total environ 55 000 m2. L’enjeu est de faire un salon business et expérientiel avec des leads qualifiés pour nos exposants. L’espace BtoB Mobilité professionnelle électrique et hydrogène s’inscrit dans cette perspective. Le Paris Automotive Summit que nous co-organisons avec le PFA (plateforme automobile) le 18 octobre, au Dôme de Paris (Porte de Versailles) rassemblera aussi les professionnels de l’écosystème comme Valeo et Cosmobilis. 2500 personnes sont attendues. Pour cette nouvelle édition du Mondial, nous avons également réduit la durée de l’événement à 7 jours (du 17 au 23 octobre 2022) contre 11. C’était une volonté des constructeurs de faire un format plus court en temps. Nous nous sommes adaptés en co-construisant un événement plus intense, plus compact avec des nocturnes. Nous avons également réduit la durée de montage, nous sommes passés de 16 jours à 6 ou 7 jours suivant les halls. Cette réduction est drastique ! Cela ne laisse pas le temps de construire un stand cathédrale et cela demande beaucoup d’agilité pour les équipes techniques. Nous atteindrons l’équilibre financier avec la vente d’environ 320 000 tickets visiteurs. Aujourd’hui (début octobre), nous avons déjà vendu près de 100 000 tickets. Nous sommes confiants.
Vous avez travaillé avec le groupe Hopscotch pour l’organisation de cette nouvelle édition ?
La PFA présidée par l’ancien ministre Luc Chatel et le groupe Hopscotch détiennent chacun 50 % du Mondial. Hopscotch est également organisateur de l’événement. Il nous a apporté de la flexibilité, de l’esprit entrepreneurial, des solutions et des animations pour faire du Mondial une grande fête de l’automobile !