Gilles Galinier - Arkema « Nous avons dépensé plus de 10M d’euros pour accompagner le foot féminin »
Par Adélaïde de la Bourdonnaye | Le | Marques & entreprises
Arkema est un groupe de chimie français présent dans 55 pays, qui compte parmi les leaders de son marché. Si vous n’êtes pas familier de son cœur d’activité, son nom ne vous est certainement pas inconnu pour autant. Car l’industriel a donné son nom au championnat de France de foot féminin depuis 2019. Gilles Galinier, directeur de la communication du groupe, nous explique pourquoi cet acteur B2B a décidé de s’engager sur ce terrain… et pas qu’à moitié.
Vous avez mis un pied dans le football féminin dès 2019 avec la coupe du monde. Vous avez ensuite sponsorisé le championnat de France, sponsoring toujours actif aujourd’hui et pour encore 1 an. Un championnat d’un côté, et l’Equipe de France Féminine de foot de l’autre. Pourquoi le foot ? Pourquoi le foot féminin ?
Nous avions la volonté […] de féminiser davantage nos effectifs.
Nous avons en effet commencé par être sponsor de la Coupe du monde de football féminine de la FIFA en 2019, qui avait lieu en France. C’était un moment où nous avions la volonté - comme toutes les industries d’ailleurs - de féminiser davantage nos effectifs, de donner plus de place aux femmes dans les fonctions importantes chez nous. Quand la FFF m’a parlé de cette Coupe du monde, il était évident que cela allait marquer le début de la belle aventure entre le foot féminin français et Arkema. Nous avons alors fait un vrai parallèle entre nos problématiques et celles du foot. Un univers historiquement très masculin, qui décide d’accorder autant de visibilité, d’intérêt et de récits à son pendant féminin. C’est pour cela que nous sommes devenus sponsor.
Vous avez ensuite décidé de suivre cet engouement populaire pour le foot féminin en allant jusqu’au naming…
Oui, la coupe du monde a été un vrai succès d’un point de vue populaire. La fédération a donc voulu passer un cap et trouver un namer. Une façon légitime d’être financé et d’accélérer. Donner le nom d’Arkema était très cohérent à nos yeux. Une manière de s’installer dans la durée et de creuser ce sillon sur la place accordée aux femmes dans l’industrie et le foot. C’est comme ça qu’a été créé la D1 Arkema.
Un naming d’abord pour trois ans… assez chahutés ?
Oui nous avons signé en 2019 pour trois années, heurtées de plein fouet par le Covid, l’arrêt des compétitions, des matchs à huis clos, puis par le besoin de mettre en place une nouvelle gouvernance et dynamique pour le football féminin au sein de la FFF. À l’issue de cette période, il était évident qu’il restait beaucoup à faire pour développer le foot féminin. Nous avons donc resigné pour trois ans en tant que partenaire titre, et ce contrat court donc jusqu’à la saison prochaine.
Arkema et le foot féminin, long story short
2019 : partenaire de la Coupe du monde féminine (disputée en France), puis donne son nom au championnat de France : D1 Arkema pour 3 ans
2022 : reconduite du naming jusqu’en 2025
2023 : partenaire de l’équipe de France de foot féminine jusqu’en 2025 avec la Coupe du monde 2023, les JOP 2024 et l’Euro 2025
Eté 2024 : la D1 Arkema est renommée Arkema Première League
« Cohérence », « durée »… deux critères importants dans votre vision du sponsoring ?
C’est crucial d’un point de vue communication et image, y compris pour une boîte B2B. Être présent au long court est indispensable si on veut s’installer comme une entreprise qui apporte vraiment quelque chose. C’est pourquoi nous avons ensuite décidé de soutenir l’équipe de France Féminine de Football
Être présent au long court est indispensable.
exclusivement, alors que généralement les marques sont sponsors des deux équipes (hommes et femmes, ndlr). Nous avons voulu rester cohérents sur la thématique sport féminin et avoir un vrai impact et rôle clé dans le développement du foot féminin en France. Nous alignons nos deux partenariats FFF pour être plus forts et plus visibles. Depuis 2019, nous avons investi plus de10 millions d’euros pour accompagner le développement du foot féminin français. Evidemment, ce budget n’a rien à voir avec les budgets de sponsoring liés aux JOP, mais pour une entreprise B2B comme la nôtre c’est peu commun, et c’est clairement notre plus gros poste de dépense en communication corporate.
Que va-t-il alors se passer en 2025 entre Arkema et la FFF à votre avis ?
Les discussions n’ont pas encore vraiment débuté. La Fédération cherche de nouveaux partenaires pour soutenir l’Arkema Première League, car plus il y a de partenaires, plus il y a de possibilités de co-construction car de nouveaux investissements apporteront un récit, une pédagogie et une visibilité supplémentaires. Arkema est le namer actuel. et nous travaillons toujours dans une approche cohérente et sur le long terme, même si nous ne pouvons pas partager tous les détails des réflexions en cours.
Vous l’avez dit, votre choix de sponsoring dénote pour un acteur B2B…
En effet, Arkema ne vise pas un accroissement de ses ventes à travers son engagement dans un sport grand public. Mais soutenir le foot féminin est une façon d’être présent pour nous sur les thématiques de l
Arkema ne vise pas un accroissement de ses ventes à travers son engagement dans un sport grand public.
a place des femmes dans la société, dans l’industrie et dans le sport. L’idée c’est donc de féminiser encore davantage nos recrutements. On peut ainsi dire que notre action de sponsoring est aussi motivée par une problématique de marque employeur. Par ailleurs dans le foot féminin, la proximité est clé, l’état d’esprit est simple et convivial. Des valeurs et un état d’esprit qui parlent à Arkema. Mais soyons honnêtes, en 2019, personne n’attendait une boîte comme nous, industrielle et B2B, sur ce terrain !
Aviez-vous déjà sponsorisé d’autres sports ?
Nous avons été présents dans le sponsoring voile, d’abord par l’intermédiaire de nos matériaux. C’était pour nous une façon de mettre en scène nos solutions innovantes (colles, résines…) dans des bateaux de course au large et d’afficher Arkema sur des thématiques de légèreté, de développement durable. Nous l’avons fait pendant dix ans, en gagnant quelques courses au large prestigieuses avec nos couleurs et avons arrêté en 2022. La fin d’un cycle qui nous permet de nous concentrer exclusivement aujourd’hui au football féminin. Par ailleurs nous faisons des opérations de mécénat de proximité sur des thématiques liées à l’insertion, et à l’éducation. Nous travaillons avec des associations qui sont aussi connectées au monde du sport, ce qui nous permet de créer des passerelles.
Nous avons réorganisé il y a 3 ans maintenant toute l’approche sponsoring et mécénat d’Arkema autour de 3 grands thèmes majeurs , éducation, inclusion, diversité. Le foot féminin s’inscrit parfaitement dans cette vision globale.
C’est aussi pourquoi vous avez choisi de soutenir des équipes de jeunes amateurs ?
Exactement. Au-delà des deux vaisseaux amiraux, l’Arkema Première League et l’équipe de France féminine, nous sommes partenaires d’une quinzaine d’équipes amateurs de jeunes en local, autour de nos usines. Evidemment, ce sont de tout petits budgets par rapport au reste, mais c’est le même état d’esprit car soutenir le football féminin c’est aussi soutenir le football amateur.
Depuis 2019, est-ce que ça a porté ses fruits d’un point de vue recrutement féminin chez vous ?
C’est multi-facteurs évidemment, mais oui, nous avons vu plus de CV féminins arriver depuis le début de notre sponsoring. À la création d’Arkema y avait à peu près 20 % de femmes dans le groupe au global. Aujourd’hui, on est à 26 %. Mais un des critères que nous suivons de près, c’est la proportion de femmes à des postes de direction. Nous étions à 16 % il y a dix ans, nous sommes arrivés à 29 % aujourd’hui. Mais ces chiffres sont bien sur liés aussi à notre stratégie RH dans son ensemble qui vise à casser activement les stéréotypes et accompagner le développement des talents au féminin. La chimie, l’industrie ne sont pas que des métiers pour les hommes ! La diversité est une force.
Arkema en chiffres
Présent dans 55 pays à travers le monde
25 usines en France (8 % du CA global)
1e pays les USA (30 % du CA global)
21 000 salariés (7000 en France)
9,5 Mrds € de CA en 2023
Le hors-média c’est le sponsoring, mais aussi l’événementiel, que faites-vous chez Arkema ?
Nous sommes présents sur une vingtaine de salons business par an, allant du petit stand de 30 m2 à des stands de plus de 300m2, ce qui est important pour nous, acteur de la chimie. C’est souvent en Europe, notamment en Allemagne, Düsseldorf, Francfort… que se déroulent les grandes foires commerciales
Nous sommes présents sur une vingtaine de salons business par an.
européennes de la chimie et des matériaux. Avec aussi des équivalents en Amérique ou encore en Chine ou au Moyen Orient. L’idée est d’expliquer à nos clients, nos prospects qui on est, pourquoi on est là et à quoi servent nos matériaux innovants. Nous sommes clairement dans une approche de pédagogie par la preuve. Nous mettons aussi la pédagogie au cœur de notre stratégie de communication vers le grand public (écoles, forums, colloques…). Tout le monde a cru que le COVID allait tuer l’interaction, les salons et les rencontres physiques et que le digital ou le remote allait tout balayer sur son passage, mais dès que les gens ont pu, ils ont eu besoin se de se retrouver et d’échanger en live et en physique !
Comment vous organisez-vous en interne ?
Nous travaillons avec des agences spécialisées sur chacun de nos grands sujets.
Nous sommes une quinzaine de collaborateurs à la Dircom Corporate en central, répartis entre différentes expertises métiers : événementiel, presse, gestion de l’image et branding, l’édito et contenus et engagement sociétal. Nous travaillons avec des agences spécialisées sur chacun de nos grands sujets et nous nous appuyons aussi sur un réseau communication & marketing dans les principaux pays et dans nos grandes lignes d’activités.