Thomas Hirsch (Capgemini) : «  Nous apportons une expertise technologique au développement du sport  »

Capgemini est partenaire majeur de la Coupe du monde de rugby France 2023. À quand remonte le premier engagement de Capgemini dans le rugby ?

C’est une longue histoire entre Capgemini et le rugby. Serge Kampf qui a fondé Capgemini en 1967 avait trois passions dans la vie : sa famille, son entreprise et le rugby. Tout a commencé lors de sa rencontre avec l’équipe de France de rugby en 1987 lors de la première Coupe du monde de rugby en Australie. Il a trouvé dans le rugby des valeurs communes à celles de son groupe. Deux des valeurs sont l’esprit d’équipe et le fun et ça n’a pas changé depuis toutes ces décennies ! Ce sport collectif fait sens avec notre métier qui est de proposer des prestations intellectuelles. Nos collaborateurs accompagnent les entreprises dans leur transformation en leur fournissant des services. L’entreprise a commencé par sponsoriser deux équipes : le Biarritz Olympique pendant 25 ans, Serge Kampf s’étant aussi pris de passion pour son joueur emblématique Serge Blanco et le club de rugby de Grenoble. Il y a eu des succès intéressants, le Biarritz Olympique a été champion de France et vice-champion d’Europe. En 2017, nous sommes passés à une étape supérieure en sponsorisant le rugby à sept. Nous avons fait ce choix car cette discipline est moins connue que le rugby à XV mais plus internationale avec de très bonnes équipes notamment aux États-Unis. Ce sponsoring nous a notamment apporté une visibilité importante aux États-Unis, un marché qui représente 30 % de notre chiffre d’affaires. Par ailleurs, il y a également des compétitions féminines et masculines à Hong-Kong, Dubaï ou encore Sydney. Ce sont des zones géographiques où nous nous développons de plus en plus. Enfin, le rugby à sept est un sport qui attire les jeunes.

Quels sont vos objectifs en matière de sponsoring rugby ?

Notre sponsoring répond à quatre objectifs principaux. Le premier est un objectif de visibilité notamment dans des pays où notre marque est un peu moins connue comme les États-Unis et l’Asie dont je parlais précédemment. Le deuxième concerne l’hospitalité. Nos partenariats nous permettent de développer des programmes pour inviter nos clients (directions générales de grands groupes) à assister aux compétitions sportives et vivre des expériences uniques. Le troisième objectif est de l’ordre de l’engagement. Le sponsoring sportif est un support pour engager et fédérer nos collaborateurs. Capgemini réunit 350 000 collaborateurs (dans plus de 50 pays) dont près de 40 000 en France. La moyenne d’âge est de 33 ans. Le sport permet de véhiculer des valeurs, il donne une certaine image de l’entreprise. Cela peut contribuer à fidéliser et attirer plus de jeunes. Enfin, le quatrième objectif qui est sans doute aujourd’hui le plus important est d’accompagner le sport dans son développement. Dans le rugby par exemple, nous apportons une expertise technologique et une dimension inclusive. Nous avons travaillé avec la Fédération internationale de rugby à sept sur des outils de prédiction en utilisant des datas. En tant que partenaire officiel de la transformation digitale de la Coupe du monde de rugby, nous avons créé l’environnement technologique nécessaire pour le bon déroulement des rencontres de la Coupe du monde de rugby 2023. Nous apportons des innovations dans de nombreux domaines pour offrir la meilleure expérience possible aux joueurs, aux bénévoles, aux entraîneurs, aux partenaires et au public de cet événement. Parallèlement, il y a environ un an et demi, nous avons signé avec World Rugby pour accompagner le rugby féminin. Capgemini était partenaire de la Coupe du monde féminine 2022 en Nouvelle-Zélande et sera partenaire de la prochaine qui aura lieu en 2025 en Angleterre. Au-delà des compétitions, nous soutenons Women in Rugby, un programme destiné à soutenir les femmes qui font évoluer le rugby. Certaines exercent déjà des responsabilités au sein de fédérations sportives locales. Nous accompagnons ainsi chaque année 12 leaders féminines à travers des programmes de formation et de mentoring au sein de l’université Capgemini.

Quelles activations avez-vous développé pour la Coupe du monde de rugby 2023 ?

En termes de visibilité, une immense bâche a été déployée sur la façade du siège à Paris (à proximité de la Place de l’Étoile) et nos bureaux situés à Issy-les-Moulineaux sont également décorés aux couleurs de la Coupe du monde de rugby. Nous avons également développé une campagne publicitaire dans la presse française et anglaise et sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, nous avons réalisé une vidéo avec Jonny Wilkinson sur le thème, « Ensemble, transformons le rugby avec la technologie », diffusée sur les réseaux sociaux. À l’occasion de la Coupe du monde féminine en Nouvelle-Zélande, nous avions sollicité la joueuse néo-zélandaise Stacey Fuller. La vidéo a fait près de 8 millions de vues. C’est un accélérateur de visibilité du rugby ! Pour France 2023, notre choix s’est porté sur Jonny Wilkinson pour deux raisons principales. D’une part, c’est un joueur connu des deux côtés de la Manche, en France et en Angleterre et d’autre part, c’est un homme très engagé dans le développement durable, une de nos priorités d’un point de vue business, notre métier étant d’accompagner les entreprises dans leur transformation et leur stratégie de développement durable. Nous commençons à réfléchir avec lui sur des dispositifs futurs autour de cette thématique. Par ailleurs, nous avons mis en place un programme d’hospitalité très important pour inviter nos clients français et internationaux.

Comment faites-vous vivre cette coupe en interne ? 

La Coupe du monde de rugby est un moment important que nous souhaitons partager avec nos collaborateurs. Nous avons initié des concours pour leur permettre de gagner des places pour assister aux matchs et créé une communauté rugby afin de leur apporter des informations et leur permettre d’échanger entre eux. Nous avions développé un dispositif similaire pour la Ryder Cup. Cette communauté rugby monte en puissance au fil des semaines. Par ailleurs, Capgemini organise des coupes du monde internes de rugby. Ce sont des compétitions de Tag rugby (rugby foulard), un sport de rugby à XIII sans contact. La dernière édition s’est déroulée en octobre dernier à l’occasion du Sommet des femmes. 10 équipes de 19 pays ont participé à ce tournoi. Ça a été un grand succès !

La stratégie de sponsoring est pilotée par la direction du groupe ?

En effet, les décisions pour les grands événements sportifs mondiaux sont prises par le groupe. Ensuite, chaque filiale active les partenariats selon la culture du pays, ses besoins de communication et de recrutement. Les États-Unis par exemple sont plus présents sur la Ryder Cup dont nous sommes partenaires car le golf est un sport très populaire dans ce pays où nous souhaitons développer notre visibilité. Nous avions apporté pour la première fois notre expertise technologique dans le domaine du golf en tant que fournisseur officiel en 2021 puis en tant que partenaire mondial en 2023. Nous poursuivons ce partenariat pour les prochaines éditions. Dans cette perspective, nous lançons en collaboration avec la Ryder Cup un outil de prédiction qui permettra d’évaluer le pourcentage de chance de mettre la balle dans chaque trou. Ces chiffres apparaîtront sur les écrans géants disposés sur les parcours. 

Capgemini est également dans le sport automobile ?

Nous avons en effet signé un partenariat de plusieurs années avec Peugeot Sport. Capgemini va apporter des outils numériques notamment en matière d’analyse de données et en IA (Intelligence Artificielle) pour améliorer les performances de son Hypercar hybride Peugeot 9X8 en simulation et en conditions réelles de course. Le secteur automobile qui évolue beaucoup ces dernières années nous intéresse car il nous permet de mettre à contribution nos compétences sur l’ensemble de la chaîne de valeur dans une démarche de transition énergétique.