Stratégies

Dans les coulisses des WorldSkills 2024 à Lyon : un défi logistique majeur en pleine année olympique

Par Adélaïde de la Bourdonnaye | Le | Grands événements

Organiser les WorldSkills cette année à Lyon a représenté un challenge de taille en pleine année olympique. Aurélia Ruetsch, déléguée générale en charge des opérations de Worldskills 2024, nous éclaire sur les coulisses de cet événement mondial qui a réuni des milliers de jeunes professionnels autour de 63 métiers du 10 et 15 septembre.

La cérémonie d’ouverture des 47e Worldskills - © Himal Reece
La cérémonie d’ouverture des 47e Worldskills - © Himal Reece

Un événement international pour valoriser les métiers

Les WorldSkills, c’est cette compétition internationale unique en son genre qui vise à valoriser les métiers techniques et manuels. BTP, industrie, automobile, services, agriculture, alimentation ou encore nouvelles technologies, tous les deux ans, cette « olympiade » rassemble des jeunes professionnels venus de tous les continents pour montrer leur savoir-faire. « WorldSkills, c’est avant tout un mouvement qui a pour objectif de mettre en valeur les filières d’apprentissage et de formation professionnelle comme facteur d’épanouissement professionnel, mais aussi personnel des jeunes. […] C’est un événement qui couronne l’excellence des compétences dans différents métiers. Et c’est un accélérateur de réseaux de carrière et de compétences.  », explique Aurélia Ruetsch.

L’édition 2024 a rassemblé plus de 1 500 jeunes compétiteurs provenant de 85 pays, qui ont concouru dans 63 métiers. Le format de la compétition a permis aux participants de démontrer leurs compétences dans des épreuves intenses et spécifiques à chaque métier. « La compétition en elle-même dure 4 jours, de 08h00 à 17h00, tous les jours. Une cérémonie d’ouverture et de clôture englobent l’événement. Explique Aurélie Ruetsch. Mais l’exercice dure en réalité à peu près trois semaines, parce qu’en amont il y a toute la phase d’arrivée des délégations, ce qu’on peut appeler l’acclimatation, au cours de laquelle chacun prend ses repères. On leur prépare dès ce moment-là un accueil, des excursions… »

Lyon 2024 : entre défis logistiques et concurrence olympique

Allemagne, Brésil, EAU, Russie et maintenant la France. Pourquoi Lyon a-t-elle été choisie pour accueillir les WorldSkills 2024 ? En pleine année olympique, la ville s’est imposée comme un choix stratégique. « Lyon a remporté la candidature en raison de sa situation géographique, de son réseau de transports et de son dynamisme industriel », explique Aurélia Ruetsch. Avec Eurexpo comme principal site d’accueil, la ville a bénéficié de ses infrastructures modernes et de sa capacité à gérer de grands événements.

L’organisation des WorldSkills à Lyon s’est cependant heurtée à plusieurs contraintes, notamment à cause de la concurrence des Jeux Olympiques de Paris. « Trouver des ressources matérielles et humaines a parfois été difficile, car beaucoup étaient mobilisées pour les JO » confie Aurélia Ruetsch. Des éléments aussi simples que des tentes ou des chauffeurs de bus ont parfois manqué à cause de cette situation. « Dès la fin août, on a dû monter le site au niveau opérationnel. C’est comme si on avait mis tous les sports des JO dans un hall et qu’on les avait tous montés en même temps. » Les exigences techniques n’étaient donc pas en reste. «  Cotons-tiges par milliers pour les soins esthétiques, tourneuses-fraiseuses lancées à pleine allure, ou encore hélicoptère directement dans les espaces… les challenges sont très variés ! » se souvient ainsi Aurélia Ruetsch.

Un modèle économique hybride

Les WorldSkills 2024 ont mobilisé d’importantes ressources financières. Le budget total de l’événement s’élevait à 105 millions d’euros, financé par une combinaison de fonds publics et privés. « Environ 28 millions d’euros provenaient du secteur public, et 45 millions ont été apportés par des partenaires privés », précise Aurélia Ruetsch. Les entreprises du secteur privé ont joué un rôle clé, en fournissant notamment des équipements pour les compétitions. « Ces entreprises trouvent un intérêt réel à participer, car elles ont l’opportunité de se faire connaître auprès de l’élite mondiale des métiers  » ajoute-t-elle.

Chaque pays finance également sa délégation, souvent grâce à des partenariats ou des subventions publiques, pour couvrir les frais de transport, d’hébergement et de participation à l’événement.

Une organisation millimétrée

Sur le plan organisationnel, la mise en œuvre des WorldSkills a nécessité la mobilisation de nombreux acteurs. « Nous étions environ 120 personnes au sein du comité d’organisation, en plus de 1 000 volontaires qui ont prêté main forte pendant l’événement » explique Aurélia Ruetsch. En parallèle, plusieurs agences événementielles ont été sollicitées pour des aspects spécifiques, comme la gestion des accréditations et la sécurité. « Nous avons eu la chance de collaborer avec des experts ayant déjà travaillé sur des grands événements internationaux, ce qui nous a permis de gagner un temps précieux et d’éviter de nombreux écueils » ajoute-t-elle. À noter par ailleurs, c’est à l’agence Franco European que la production de la cérémonie de clôture de l’événement au Groupama Stadium a été confiée, elle même ayant délégué à Concept K la scénographie et la direction technique.

L’événement a également été conçu en tenant compte des contraintes environnementales. « Nous avons obtenu la certification ISO 20121 pour la gestion durable de l’événement, ce qui est une grande première pour WorldSkills », souligne Aurélia Ruetsch. Cette certification témoigne des efforts déployés en matière de gestion des déchets, de transport et de réduction de l’empreinte carbone.

Le deuxième événement en France cette année après les JOP

Avec 250 000 visisiteurs, les WorldSkills 2024 à Lyon ont été un succès, tant sur le plan technique qu’humain. Plus de 60 000 jeunes visiteurs ont pu découvrir les métiers en compétition, et les retours des participants et des délégations ont été extrêmement positifs. « Voir l’émotion des compétiteurs et des visiteurs, c’est ce que nous retenons avant tout », confie Aurélia Ruetsch. Rendez-vous à Shangaï en 2026 pour la prochaine édition.